Templum
« TEMPLUM »
Ribemont-sur-Ancre / Corbie 2013.
Dans son sens primitif, « templum » désigne une pratique divinatoire, issue des Grecs, destinée à délimiter un espace sacré. Le templum (fenêtre) est tracé dans le ciel par l’haruspice tenant un bâton, le chant et le vol des oiseaux le guident pour interpréter l’augure : la prise de décision, aidée donc par des phénomènes naturels.
Le mot templum donna ensuite par métonymie, le nom temple au bâtiment dont l’emplacement a été défini par cette pratique.
Au sommet du site archéologique de Ribemont s’élevait un temple. À cet endroit, bien avant, s’étendait un enclos gaulois avec, au centre, un bois sacré. Qu’en reste-t-il ?
« On n’y voit rien » ! Comment donc imaginer ?
Le but du projet est de suggérer un volume, celui du temple de Ribemont, et ce de façon invisible. Le spectateur arrivant sur le lieu de l’exposition ne verra rien si ce n’est une trace au sol suggérant un téménos[i]. Il le comprendra plus tard. Franchissant cette première ligne il arrive dans une zone rectangulaire (voir schéma) où son avancée se traduit, à l’instar des radars de voitures, par un son répétitif de fréquence croissante. Il imaginera, quand le son deviendra continu, qu’il y a danger et qu’il ne peut continuer. Au fur et à mesure de ses tentatives, il cernera mentalement l’espace délimité et le volume se dessinera peu à peu dans son esprit. Barrière infranchissable, parce que sacrée, le temple ressurgira alors par l’imagination des spectateurs, là où, en réalité, il n’y a plus rien.
[i] Littéralement « espace découpé » pour la divinité, constituant un sanctuaire, lorsqu’il est délimité par une enceinte qui peut prendre plusieurs formes (bornes, clôture, mur, portique).
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