Concerto
Jean-Michel HÉNIQUEZ, Août 2012
Installation : Concerto
« Concerto » Vidéo (16 min 37 s)
Dispositif sonore
« Concerto » est une œuvre vidéo en trois mouvements précédée d’une courte introduction.
Les premières images sont celles d’un champ de blé. Un vent fort souffle. Les épis ondulent en vagues.
Trois « lignes du temps » : Aiôn, Chronos et Kairos s’enchevêtrent dans cette œuvre constituant les trois mouvements.
Le premier mouvement (5 min 16 s) est celui de la structuration de la narration. Une même portion du ciel a été filmée chaque matin pendant 31 jours du 07/06/2012 au 07/07/2012. Les images sélectionnées privilégient l’apparition dans le champ de la caméra de vols d’oiseaux. Les différentes séquences ont été enregistrées en ville à l’adresse GPS indiquée. L’ensemble apparaît comme une longue contemplation de ce que les Grecs nomment l’Aiôn qui se traduit par « ciel », « temps », « éternité » mais aussi « monde ». Un traitement particulier du son conditionne l’espace de l’installation en trois plans : celui des images, celui du chant des oiseaux et enfin celui de la radio égrenant ses paroles. Ce dernier plan se situe à l’arrière du spectateur-auditeur l’enjoignant de laisser derrière lui l’absolue impermanence de toutes les choses singulières, qui ne font que passer.
Le deuxième mouvement (5 min 11 s) est celui du Chronos. À chaque matin est accolé un soir mais sans correspondance aucune avec le matin associé. Il s’agit d’un temps découpé, pulsé pour continuer la métaphore musicale. Le lieu de la prise de vue ne compte plus. On s’éloigne de l’éternité pour rejoindre le temporel. Un travail particulier a été effectué sur les couleurs, les scintillements, la lumière. Le tout s’accompagne d’une « ligne mélodique » sur l’oiseau dont l’achèvement apparaîtra dans le troisième mouvement. La durée de chaque « journée » est restée la même que dans le premier mouvement soit 10 s. L’enrichissement en images agit sur la perception du temps ressenti.
Le troisième mouvement (5 min 25 s) ne comporte aucune indication. Il « enrichit » chacune des « journées » par de nouvelles propositions visuelles s’insérant entre matin et soir. Le temps paraît plus déstructuré, se rapprochant davantage du souvenir. Le titre de ce mouvement pourrait être « la vie ». Il ressort du Kairos, une autre dimension du temps créant de la profondeur dans l’instant. Une porte sur une autre perception de l’univers, de l’événement, de soi. C’est le temps du choix. La durée de ces nouvelles « journées » est toujours de 10 s. Le temps passant semble toujours plus court à mesure que les journées se densifient, que la vie s’étoffe, devient plus complexe.
Cette œuvre est une fable sur le temps, une variation sur la vie puisant ses images dans le vécu de l’auteur et poussant le spectateur à la vision de la sienne propre. Elle nécessite une présence attentive et patiente de par sa durée.